Trois questions à… François Laforie, directeur général de BNP Paribas International Buyers
Paru dans Droit & Patrimoine Hebdo n°1152 du 02 juillet 2018
L’observatoire BNP Paribas International Buyers a rendu publique la 10e édition de son étude concernant l’évolution, en 2017, du marché immobilier en France des étrangers non-résidents, résidents et français non-résidents. Trois questions à… François Laforie, directeur général de BNP Paribas International Buyers.
On ne constate pas d’effet Brexit en 2017 concernant les acheteurs non-résidents de nationalité britannique puisque le montant des transactions chute par rapport à l’an dernier (-18 %). La donne pourrait-elle changer cette année ?
Les Britanniques ont toujours été très présents sur le marché immobilier français et si les transactions conclues par les non-résidents sont en baisse, celles conclues par les britanniques résidant en France sont en hausse. Ceux qui sont déjà présents en France veulent y rester et consolident leur présence par l’achat immobilier. Ce n’est pas le cas de ceux qui viennent pour leurs loisirs. Le Brexit crée de l’incertitude, car on ne sait pas dans quelles conditions va se faire la sortie. Et l’incertitude n’est pas favorable au marché immobilier. Lorsque les choses seront claires, nous reviendrons à une situation normale, mais cela dépendra peut-être, en cas de « hard Brexit », des accords d’investissement immobilier qui seront signés entre le Royaume-Uni et la France.
Votre étude constate en revanche une nette progression des acquisitions faites par des acheteurs non-résidents belges (+21 %). Quelles explications à cette progression et où investissent les acheteurs ?
Parmi les éléments qui incitent les Belges à investir en France, il y a la proximité, qui a toujours existé, et le fait qu’ils soient francophones, ce qui facilite les démarches, la négociation, etc. Le marché immobilier français bénéfice également d’une réputation de marché très sécurisé, d’une part, de par le processus incluant l’acte authentique notarié. La presse belge s’est récemment fait l’écho d’escroqueries en matière immobilière dans d’autres pays, comme la Turquie et l’Espagne et face à cela, la sécurisation de l’acte d’achat en France est un atout. Par ailleurs, le marché relatif aux valeurs mobilières, très fluctuant, a un rendement faible et les investisseurs préfèrent investir dans la pierre. Cette situation a d’ailleurs un effet sur le positionnement géographique des investissements, puisqu’en 2017, les investissements ont bondi dans les régions où les prix sont les plus faibles. Les acheteurs espèrent faire des plus-values plus importantes. Par ailleurs, l’annonce selon laquelle le trajet en Thalys Bruxelles-Bordeaux serait désormais d’une durée de 4 heures pourra avoir un effet sur les investissements sur la côte ouest.
Quels sont les atouts du marché immobilier français aux yeux des investisseurs étrangers ?
Ce qui a été dit à propos des investisseurs belges est vrai pour tous les autres investisseurs étrangers, et le processus d’achat très sécurisant, qui inclut le compromis de vente sous condition suspensive d’obtention du prêt et l’acte authentique notarié est un atout majeur. La bonne image de la France et l’action du gouvernement à cet égard jouent aussi. Quant aux mesures plus concrètes, le remplacement de l’ISF par l’IFI ne change pas tellement les choses pour les non-résidents. Il y a eu, tout au plus, un effet levier. Il en ira peut-être autrement, à terme pour les résidents, mais il est encore trop tôt pour le dire.