
350 000 personnes sans domicile en France
La Fondation pour le logement des personnes défavorisées (ex-Fondation Abbé Pierre) vient de publier son 30e rapport sur le mal-logement, qui dresse le constat d’une crise toujours plus aigüe du logement. Résumé.
La Fondation estime à 350 000 le nombre de personnes sans domicile en France en 2024, en hausse constante par rapport aux années précédentes (330 000 en 2023, 300 000 en 2020, 143 000 en 2012) mais ce n’est pas le seul chiffre alarmant. Le chiffre ainsi avancé concerne les personnes sans aucune solution d’hébergement et ne tient pas compte des personnes hébergées chez des tiers (hors parents) qui étaient 590 000 en 2020. Quelque 2,7 millions de personnes étaient en demande de logement social mi-2024, encore un record. Le rapport dresse le constat de la hausse des expulsions, avec 19 023 ménages expulsés de leur logement en hausse de 17 % en un an et de 150 % sur les 20 dernières années Cette hausse risque encore de s’aggraver avec le déploiement de la loi Kasbarian-Bergé. Par ailleurs, même chez les personnes disposant d’un logement, la situation est mauvaise, puisque 28 % des ménages ont rencontré des difficultés pour payer leurs factures de gaz ou d’électricité en 2024, contre 18 % en 2020. Le cap du million d’interventions pour impayés (réduction de puissance ou coupure d’électricité ou de gaz) a été franchi pour la première fois en 2023. Le rapport dresse ainsi le constat que le pays s’enfonce de plus en plus dans le mal logement, les politiques publiques mises en place étant dans l’incapacité de redresser la barre. Un troisième volet du rapport est d’ailleurs entièrement consacré aux « renoncements » de l’année 2024 en la matière et dénonce l’attentisme des pouvoirs publics face à la crise immobilière, aggravée par la précarité énergétique. Il propose des mesures pour changer de cap et notamment le soutien aux collectivités locales pour réussir le ZAN, en particulier en abondant le fonds vert et en dissuadant davantage la vacance et les résidences secondaires.
Focus sur le handicap
Le rapport enfonce le clou concernant la situation des personnes handicapées, le handicap étant considéré comme un « accélérateur de vulnérabilité dans les parcours résidentiels », entravant l’accès au logement. Par ailleurs, se pose le problème de l’inadaptation des logements que ce soit pour les personnes handicapées ou pour les personnes âgées en perte d’autonomie. Ce qui entraîne des conséquences, puisque faute de logements adaptés, le nombre d’adultes handicapés hébergés en institutions spécialisées est de 125 000 personnes en 2023, et 650 000 seniors vivent dans des établissements pour personnes âgées d’après les Comptes du logement. D’après la DREES, 295 000 adultes handicapés étaient accompagnés dans des établissements dédiés assurant une fonction d’hébergement ou d’accueil de jour (+ 23 % entre 2006 et 2022).
Le rapport alerte également contre la tentation de désigner des boucs émissaires responsables de la situation. « Les coupables désignés sont les normes écologiques et les politiques de défense des mal-logés, les ménages les plus pauvres qui accumulent parfois des impayés, squattent des locaux vides pour s’y abriter faute de mieux, ou survivent dans des abris de fortune parfois en situation irrégulière », conclut-il.
Réf : Fondation pour le logement des défavorisées, 30e rapport sur l’état du mal-logement en France 2025, 22 janv. 2025, https://www.fondation-abbe-pierre.fr/actualites/30e-rapport-sur-letat-du-mal-logement-en-france-2025#telechargementreml2022